L’Afrique compte sept licornes à ce jour et malgré la difficulté à trouver des capitaux depuis le deuxième trimestre, les investisseurs ont été particulièrement friands des pépites du continent depuis janvier. Dans la fintech, la plateforme de paiement Flutterwave levait 250 millions de dollars pour atteindre une valorisation de 3 milliards de dollars. Aujourd’hui, elle est la plus grosse startup africaine. Mais son intégration dans le monde de la finance se complique.
Flutterwave a recruté plusieurs cadres tout droit sortis du petit milieu de Wall Street ces dernières semaines. C’est là que son avenir se joue. La fintech installée au Nigéria compte se lister à la Bourse de New York pour poursuivre sa croissance et aller chercher de nouveaux capitaux, confirmaient des sources proches du dossier à Bloomberg tout récemment.
Débauchage chez American Express et Goldman Sachs
Flutterwave a ainsi débauché l’ancien responsable de Goldman Sachs Gurbhej Dhillon (en poste depuis 17 ans dans la banque d’investissement) et l’ancien vice-président d’American Express Oneal Bhamban, en tant que nouveau directeur financier. Des profils et des postes clés pour permettre une opération sans encombre. Ou du moins, avec le moins de problèmes possible. Car la startup nigérienne traverse une période compliquée, avec une réputation minée.
Les déboires sont nombreux, notamment autour de son cofondateur Olugbenga Agboola. De ses comportements inappropriés avec des collaboratrices, l’homme aurait également monté Flutterwave sur une base de financement totalement illégale, avec des actifs de la banque Access Bank. Lui et son associé y travaillaient au moment du lancement de Flutterwave en 2016.
En plus des mouvements de militants contre les comportements du PDG avec les femmes de l’entreprise, plusieurs anciens salariés attaquaient Flutterwave en justice pour manquement de rémunération. Gbemisola Ajayi, qui travaillait au sein de la startup jusqu’en 2020, allégeait que Flutterwave ne lui aurait pas reversé la rémunération en actions prévue dans son contrat. Il poursuivait donc l’entreprise à hauteur de 800 000 dollars, montant du capital qu’il aurait pu emmagasiner avec ses parts dans l’entreprise.
Des annulations d’introduction en Bourse en 2022
Ces casseroles font l’objet d’enquêtes, notamment aux États-Unis alors que la startup a installé son siège social en Californie. Les allégations se sont démultipliées au début de l’année et que ce soit dans ses comptes ou au niveau de ses relations publiques, Flutterwave est en difficulté pour pouvoir entrer en Bourse en bonne et due forme. “Avec tout cela, je ne crois pas que les marchés publics internationaux soient prêts pour une introduction en bourse de Flutterwave”, s’exclamait un avocat et investisseur africain, interrogé par Bloomberg.
Si l’entreprise arrivait à s’en sortir sur ces différents points, une fois en Bourse, le bipède pourrait toutefois perdre pied en vue de la morosité des marchés – dans lesquels la plupart des sociétés décident de déprogrammer leur opération de listing, comme ce fut le cas en janvier avec WeTransfer. Flutterwave est donc fragilisé de toutes parts. Au Kenya, les régulateurs s’en prennent aussi aux services de la société qui seraient, selon eux, en train d’opérer sans licence pour une activité de paiement.