Comment le Congo gère les déchets électroniques ? un danger encore trop souvent ignoré


Téléphones, ordinateurs, réfrigérateurs ou imprimantes : ces produits électroniques désormais essentiels à notre quotidien deviennent un fléau une fois jetés à la poubelle. Selon un rapport de l’ONU repris dans The Conversation, la population mondiale a généré en 2019 53,6 millions de tonnes, soit l’équivalent de 350 bateaux de croisière, de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Sur cette montagne de déchets, qui a progressé de 28% par rapport à celle de 2014, seuls 17,4% des équipements ont été recyclés. « Une part ridicule« , selon Vanessa Forti, l’une des chercheuses à l’origine du rapport. Qu’en est il du Congo ? Comment le Congo Brazzaville gère t’il ses déchets électroniques ?



Dans le détail, l’Asie arrive en tête du classement des continents produisant le plus de débris, avec 24,9 millions de tonnes de DEEE. Suivent les Amériques (13,1 tonnes), l’Europe (12), L’Afrique (2,9) et l’Océanie (0,7). À elle seule, la France a produit 1,362 million de déchets, soit une moyenne de 21 kilos par personne, un rapport bien supérieur à la moyenne mondiale, qui atteint 7,3 kilos. L’Europe peut cependant se targuer de recycler 42,5% de ses DEEE, quand ses voisins ne dépassent pas les 12%.

Et au Congo, comment gère t-on les déchets électroniques ?

Lorsqu’ils ne sont pas collectés, ces équipements s’accumulent dans l’environnement, causant une pollution considérable. Les composants d’échange de température mis au rebut, que l’on trouve par exemple dans les réfrigérateurs et les climatiseurs, libèrent lentement des gaz à effet de serre et contribuent ainsi au réchauffement climatique. « Environ 98 millions de tonnes de CO2 s’échappent des parcs à ferraille chaque année, soit 0,3 % des émissions mondiales du secteur de l’énergie« , précise un rapport de l’ONU.

Ces déchets constituent également une grave menace pour la santé des habitants qui vivent ou travaillent à proximité de ces décharges. L’exposition au mercure notamment, présent dans les écrans d’ordinateur comme dans les éclairages fluorescents, peut provoquer des lésions cérébrales.

Or au Congo, il y a encore un manque de prise de conscience du danger que pose les déchets électroniques, notamment du côté des pouvoirs publics. A ce jour, il n’existe aucune politique nationale prise par le gouvernement visant à la fois à contrôler et à traiter des déchets électroniques. Il n’existe également pas de centres de recyclages de déchets électroniques comme cela se fait dans d’autres pays, notamment des pays africains, ayant pris conscience des dangers.

Les Congolais vivent au quotidien avec ces déchets électroniques, en étant donc exposés aux dangers sur l’environnement et même la santé. De nos jours, les congolais souffrent de plusieurs pathologies dont parfois on ignore l’origine et si cela était liées à l’exposition aux déchets électroniques ?

Que doit faire l’Etat Congolais, en l’occurrence le Ministère de l’Environnement qui a normalement les fonds pour

De façon globale, il y a des milliers de tonnes d’équipements électriques et électroniques (Eee)  sur le territoire congolais, sans compter ceux qui arrivent d’ailleurs par des voies obscures.

Des capteurs pour tracer et identifier les déchets qui entrent sur le territoire congolais

Grâce à des traceurs il est possible d’identifier et de suivre ces équipements jusqu’au dépotoir sauvage et en décharge. Ainsi, il pourra être facile de différencier les types d’équipements. Par exemple classer les équipements dans ce sens : Les gros équipements qui sont les frigos, les congélateurs, les cuisinières et autres ; ensuite les petits appareils ménagers (micro-onde, chauffe-eau, cafetière, etc.), les équipements informatiques et télécommunications que sont entre autres, les téléviseurs et les ordinateurs. Enfin, les équipements que tout le monde utilise, c’est-à-dire les rasoirs, les téléphones et les lampes torche à titre d’exemple.

Quelles sont conséquences sur l’environnement ?

Ces équipements se retrouvent très tôt sur les dépotoirs ou les décharges. L’eau de pluie lessive tous les métaux lourds qu’ils contiennent, et cela entraîne la pollution  de la nappe phréatique. S’il y a éventuellement à côté des gens qui font du maraîchage, les produits maraîchers sont directement contaminés. Aussi, bien que la majorité des gens qui travaillent sur ces décharges sauvages, il y a parmi eux des personnes dont les âges tournent entre 20 et 35 ans, mais aussi des jeunes, dont des enfants de 10 à 15 ans. Ils suivent leurs parents ou des frères. 

A force de casser, d’inhaler des gaz et de brûler des plastiques, ils sont tellement exposés qu’il y a forcément des cas de décès parmi eux. Nous ne pouvons à ce jour produire des données dans ce sens, mais nous savons que cette exposition permanente est nuisible pour leur santé.

Comment mieux contrôler l’importation de ces équipements ?

Il faut créer une la police environnementale au Congo, en lui donnant les moyens de contrôler les équipements qui arrivent sur le territoire national. Il y a des multi-paramètres à sondes, qui permettent de détecter leur présence et celle des métaux lourds et des gaz qu’ils contiennent. Il faut aussi former les agents de la police aux frontières et des douanes car nos frontières sont très perméables.

Il est difficile pour notre rédaction, d’enquêter afin d’estimer le nombre d’équipements usagers qui entrent par les postes de frontière officiels sur le territoire national congolais, mais nous pouvons dire que le nombre est moins élevé, car les congolais ramènent souvent de l’étranger des équipements neufs et avec les services de douanes et la politique de l’ARPCE, il est difficile d’entrer sur le territoire congolais avec un équipement défectueux. A moins que cela passe par des chemins détournés.

En somme, la il faut la création d’une police environnementale, en plus de la police aux frontières et les douanes qui doivent être formées et équipées afin de mieux quadriller nos frontières et pour qu’on soit sûr de l’état des Eee qui sont importés au Congo.

Quelles sont les solutions pour améliorer la situation ?

Des taxes sont prélevées pour des équipements entrant sur le sol congolais, en plus des taxes recueillis par le ministère de l’environnement. Il serait judicieux que le gouvernement congolais, au travers des nombreuses taxes récoltées puisse créer une société publique spécialisée dans le traitement de déchets avec pôles dans chaque grande ville du pays. Cela générera des fonds pour la gestion des déchets.

Sur le plan social, elle permettra la création de milliers d’emplois, avec le recrutement de jeunes techniciens et de ceux qui font aujourd’hui un recyclage artisanal, ou traînent des charrettes dans un peu partout, en recherchant des Eee. Toutes ces personnes seront intégrées dans une chaîne de production, et à terme l’environnement sera mieux protégé.