OSIANE, le salon international des Technologies de l’Information et de l’Innovation organisé chaque année au Congo, attirant les acteurs du numérique et des technologies du monde entier, sera à sixième édition. Quel bilant peut-on tirer après les cinq précédentes éditions ?
Se revendiquant comme une plateforme d’échanges et de réflexion sur les « Bonnes Pratiques du Numérique », le salon donne lieu à de nombreux ateliers et conférences et abrite des espaces d’exposition pour des professionnels du secteur. L’objectif cherché par les organisateurs est de sensibiliser le public aux opportunités du développement numérique et de constituer un lieu de rencontre et d’émulation entre les acteurs économiques, les pouvoirs publics, et les utilisateurs.
Le développement du numérique et la création d’écosystèmes innovants ne peuvent évoluer sans une infrastructure de base qui demande des investissements conséquents. Le Congo a décidé d’entrer dans l’ère des TIC avec le déploiement de la fibre optique sur l’ensemble du pays. Si les projets relatifs aux infrastructures horizontales sont déjà bouclés, beaucoup de projets sont encore à développer.
L’initiative d’impulser un salon des TIC au Congo par l’association PRATIC, qui regroupe les acteurs du développement des TIC en République du Congo et en Afrique se doit d’être saluée, alors qu’il prend place dans une économie déprimée. La première édition avait été marquée par la volonté de fédérer l’écosystème institutionnel congolais et de créer un contexte porteur pour accompagner les entreprises innovantes congolaises en invitant autour d’ateliers et de séminaires, des personnalités locales et de dimension internationale du secteur.
La deuxième édition, dont la thématique était portée sur « Le développement économique et le défi de l’industrie du future » a tenue ses promesses. Porté par le ministre des Postes et Télécommunications, Chargée de l’Economie numérique, qui n’aménage aucun effort pour faire entrer le Congo dans la compétitivité mondiale de l’économie numérique, le salon OSIANE à sa deuxième édition, avait laissé présager un avenir meilleur pour l’écosystème numérique Congolais et les usagers du numérique.
La troisième édition du Salon Osiane, avait abordé sans ambages, les problématiques inhérentes à la sécurité numérique, à la confiance numérique et à une économie prospère. Durant deux jours, les panélistes s’étaient penchés sur les enjeux économiques en matière de transactions, de monnaie électronique, de financement de projets innovants, de sécurité physique et virtuelle des systèmes d’information, ainsi que d’autres sujets influant l’existence et la croissance de l’ensemble des systèmes économiques ou socio-culturels.
La quatrième édition du Salon Osiane dont la thématique était « Développer la confiance numérique pour garantir une économie prospère« , avait pour ambition d’éclairer les participants sur l’importance d’intégrer l’innovation dans les projets de développement, dans un contexte économique et social actuel caractérisé, d’une part, par la conquête du rôle de l’innovation devenu fondamental pour le succès et la pérennité des entreprises, et d’autre part, par la nécessité de diversification des économies de la sous-région.
Dans un contexte sanitaire difficile lié à la crise de la Covid_19, la cinquième édition organisée en Avril 2021 de l’année passée, s’était déroulée sous un format différent des précédents. Le mode hybride : en présentiel et en virtuel (visioconférence). L’accent avait été mis, sur les entreprises à l’ère de la transformation numérique, de l’environnement socioéconomique, de la pandémie de coronavirus et de valorisation des compétences digitales.
Après plus Cinq éditions, vient la question du bilan, des apports en terme de réduction de la fracture numérique au Congo et du développement de la culture digitale auprès des usagers. Mais aussi, du niveau de maturité de la transition numérique des entreprises congolaises.
Quel bilan peut-on tirer du Salon OSIANE au Congo ?
Peut-on faire d’OSIANE un salon à la VIVATECH made in Congo ?
Les Cinq éditions n’auront pourtant pas démérités au vu des thèmes débattus et des nombreuses interventions de qualité. L’organisation reste perfectible. Toutefois, quelques obstacles sont à surmonter :
La demande potentielle est importante et la compétitivité de l’économie naissante un impératif.
1. Développer une vrai culture du numérique auprès de tous
On a beau dire, les clivages de la fracture numérique sont omniprésents au Congo, et pour le moment OSIANE ne les surmonte pas !
Si le renforcement des infrastructures réseaux est une impérieuse nécessité et que l’Etat Congolais investit de nombreux moyens pour connecter les Congolais à internet et aux réseaux de télécommunications, une lutte efficace contre l’illectronisme doit également être mise en place au plus vite au Congo.
Il n’est pas rare de trouver des jeunes nés à l’ère d’internet et des smartphone ne pas savoir comment se servir d’un ordinateur et d’internet. Le plus étonnant, c’est que au sein même de l’administration congolaise, à ce jour on trouve des hauts fonctionnaires qui sont incapables de servir d’un ordinateur et d’envoyer un simple courrier électronique.
Comment est-ce encore possible à notre époque ?
Les acteurs politiques, structures étatiques, ministères en charge de l’éducation, ministère des postes et télécommunications en charge de l’économie numérique, n’ont il pas tirer des leçons après plusieurs éditions du salon OSIANE et des différentes recommandations faites pour permettre à notre pays de faire un grand pas vers la transition numérique ? De vraies questions se posent sur l’impact et l’apport du salon OSIANE dans la résolution de la fracture numérique et l’illectronisme au Congo.
2. Diminution des coûts d’accès à internet et haut débit
Au Congo, le prix à payer pour surfer sur son téléphone mobile reste encore trop souvent exorbitant, constatent plusieurs usagers par rapport à ce qui se fait dans les autres pays de la sous région. Le Congo est l’un des pays où est internet coûte le plus cher en Afrique. Ce sont les conclusions du site Cable.co.uk dans son étude intitulée : « Worldwide mobile data pricing 2021: The cost of 1 GB of mobile data in 230 countries ».
Classement des pays africains en fonction des tarifs de connexion internet
Hors de nos jours, internet est devenu essentiel pour le développement économique, social et humaine d’un pays, de nombreux pays ont compris cela.
Nous constations ici et là des initiatives visant à encourager les jeunes à développer des projets dans le numérique. Mais comment demander une chose d’une part et d’autre part ne pas permettre que cela se réalise en gardant les prix d’accès à l’internet mobile très élevé.
Et sur cette problématique du coût d’internet mobile, encore une fois pour le moment OSIANE ne le surmonte pas !
Par ailleurs, il faut le dire, le déploiement de la fibre optique avance à grand pas et si le rythme de la cadence est maintenu dans ce sens, le congolais lambda pourra avoir internet et la fibre optique chez lui.
3. Développer une vraie culture entrepreneuriale basée sur des projets à impact social en utilisant les technologies
L’entrepreneuriat est une science comme toute autre. Elle requiert une bonne connaissance des mécanismes de gestion et une maîtrise des axes de fonctionnement lesquels sont propres à un environnement bien défini. Plus les mutations économiques se font ressentir, plus les techniques entrepreneuriales devaient sortir du classicisme pour intégrer le domaine stratégique de l’économie.
Cependant, on constate très souvent chez les jeunes entrepreneurs au Congo et aussi dans d’autres pays Africains, l’absence d’une capacité d’analyse contextuelle, la méconnaissance du cadre des affaires et la non maîtrise des enjeux socio-économiques locales et sous régionales, causes de l’échec de la plupart de ces projets.
Afin de pallier ce problème, il faut instaurer une « Culture Entrepreneuriale » qui vise à sensibiliser l’apprenant aux principaux concepts à la base des comportements, des motivations, et des actions des entrepreneurs. Il vise également la compréhension des notions d’entrepreneuriat, d’esprit d’entreprise et de culture entrepreneuriale ainsi que leurs implications dans la société.
La diffusion de la culture entrepreneuriale permettra également de «déplacer» les jeunes diplômés de la logique de demandeurs d’emploi à celle de pourvoyeurs d’emploi. Donner aux jeunes générations l’envie de prendre leur avenir en main constitue le principal objectif de ce module.
4. Créer un fonds pour accompagner les entrepreneurs et supporter leur croissance
De nombreux projets de start-up à fort potentiel de croissance stagnent par manque de moyens. La croissance a un coût. Dit ainsi, cela peut passer pour une phrase que l’on jette à tout va, mais la croissance a réellement un coût. L’on peut avoir une belle idée de start-up, s’attaquer au bon marché, à la bonne cible, avoir une bonne équipe, exécuter l’idée à la perfection, si l’on n’a pas les moyens pour supporter sa croissance, on stagnera, puis, on mourra.
C’est la raison pour laquelle, le salon OSIANE doit être une opportunité pour les porteurs de projets et start-up de rencontrer des fonds d’investissements, des business angels, afin de pouvoir trouver des accords de préfinancement de leurs projets.
Les TIC sont un champ d’opportunités pour l’Afrique et beaucoup de choses sont encore à inventer. OSIANE ne doit pas devenir un simple salon de l’économie numérique, mais proposer autre chose, tout aussi attractif (voire plus). Ne copions pas : créons et innovons… faisons jouer notre intelligence.
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