L’entrepreneuriat aujourd’hui est l’un des facteurs indispensables pour dynamiser l’activité économique d’une région ou d’un pays. Cette activité est primordiale pour la création d’emplois, la croissance économique et le développement économique. C’est pourquoi les termes « entrepreneuriat » et « écosystème entrepreneurial » sont devenus si populaires aujourd’hui dans les pays en développement. Pourquoi l’écosystème entrepreneurial peine à se développer ?
Les jeunes Congolais portant des idées de services et produits innovants basés sur les nouvelles technologies sont nombreux. Cependant, sur le terrain de l’entrepreneuriat, cet ensemble d’innovateurs numérique demeure peu visible, aussi bien dans la sous-région Afrique centrale que sur le continent. Encore moins à l’international. Le Congo est en effet invisible en termes d’innovation et cela se ressent sur l’intérêt des investisseurs qui ne se bousculent pas pour nos porteurs de projets.
L’absence d’infrastructures
Le déficit en matière d’infrastructures est l’un des facteurs clés qui empêchent le Congo de réaliser son plein potentiel de croissance économique et son pouvoir concurrentiel sur les marchés sous régionaux et internationaux. Bien que le Congo est investit d’énormes moyens dans la construction d’infrastructures au travers de son programme de « Municipalisation Accélérée », la mauvaise qualité de ces infrastructures (mauvaises routes, fourniture irrégulière et insuffisante de l’eau et de l’électricité, mauvaise qualité du système de télécommunications), sont les principaux obstacles au développement de l’écosystème entrepreneurial.
En matière d’énergie par exemple, le Congo est l’un des seuls pays du continent africain où les entreprises subissent le plus l’irrégularité de la fourniture d’électricité. Les entreprises Congolaises manquent d’électricité, en moyenne, pendant 60% de leur temps de fonctionnement, c’est plus que dans d’autres pays Africains.
L’absence de centres et d’instituts de recherche
L’absence de centres et d’instituts de recherche que ce soit pour obtenir des informations relatives aux marchés, aux opportunités d’affaires ou aux méthodes de développement de nouveaux produits constituent l’un des atouts majeurs dans le développement des technologies dans tous les pays. Cependant au Congo, nous manquons de laboratoires de recherche scientifiques et technologiques visant à aider les porteurs de projets à tester leurs idées innovantes et à développer des produits et services qui pourront dynamiser notre écosystème.
Haut-Débit et maturité du marché
En se basant sur les statistiques fournies par l’autorité de régulation des communications du Congo ARPCE (Agence des Régulations des Postes et Communications Electronique), le taux de pénétration d’internet au Congo en 2015 avoisinait les 9 %, une forte fracture numérique. En comparaison aux autres pays par rapport au Congo-Brazzaville, le Sénégal par exemple à un taux de pénétration de 58,79% en 2017 , le Maroc 50,4% en 2017. le Rwanda 58,27% en 2017 . On peut donc comprendre pourquoi les startups les plus primés sur le vieux contient sont celles qui proviennent des ces pays.
Manque de ressources humaines idoines
Une startup, c’est avant tout une équipe. Pas une personne. Pas son CEO (Chef Executif Officer), mais une équipe, c’est-à-dire un ensemble de personnes, de compétences, réunies autour d’une même vision, d’une même mission, d’un même objectif. Il est facile de trouver des salariés, des personnes auxquelles l’on dit quoi faire et qui le font, mais difficile de trouver les ressources humaines dont a besoin une startup surtout dans les métiers du numérique, lorsque l’on connaît le manque d’écoles, d’ organismes de formations dans ce secteur.
En tant que CEO (Chef Executif Officer) d’une startup, l’un de mes plus grands casse-tête est de trouver les ressources humaines idoines au Congo. Il ne s’agit pas juste de personnes compétentes, mais de gens passionnés, curieux, qui posent des questions, épousent la vision, font de la startup la leur et font ainsi avancer les choses.
Ces gens sont difficiles à trouver parce qu’en Afrique en générale et au Congo en particulier, on forme des employés, des gens qui veulent avant tout la sécurité d’un emploi (ils ne sont pas à blâmer, au reste), et non des gens prêts à porter une vision, à s’investir pour une cause plus grande que leur seule personne. Car, c’est cela que travailler dans et pour une startup.
Intégrer une startup, c’est s’engager dans une relation amoureuse sans être certain de la réciprocité des sentiments. C’est faire un pari avec le destin.
Manque de fonds pour supporter la croissance
De nombreux projets à fort potentiel de croissance stagnent par manque de moyens. La croissance a un coût. Dit ainsi, cela peut passer pour une phrase que l’on jette à tout va, mais la croissance a réellement un coût. L’on peut avoir une belle idée de startup, s’attaquer au bon marché, à la bonne cible, avoir une bonne équipe, exécuter l’idée à la perfection, si l’on n’a pas les moyens pour supporter sa croissance, on stagnera, pis, on mourra.
Ces moyens sont souvent l’acquisition de nouvelles compétences ou le financement des déplacements pour toucher de nouveaux marchés. Il faut de l’argent pour ce faire. C’est la raison pour laquelle, n’ayant d’autres choix, certains porteurs se voient contraints de renoncer à leurs projets.
L’accès à l’information
Le grande difficulté des porteurs de projets au Congo et qui freinent l’éclosion des startups et de l’écosystème, c’est l’accès à l’information. Comme dis plus haut sur le manque de fonds, les porteurs de projets, Entrepreneurs Congolais, ne sont pas au courant qu’il existe des structures de levées de fonds telles que les plateformes de Crowfunding dans les quels elles peuvent levées des fonds pour supporter la croissance de leurs projets. Sur le Continent, il existe plusieurs plateformes de crowfunding et dont nous avons eu à faire des publications sur notre page. Ce genre d’information, les Congolais ne le savent pas et peinent vraiment à financer leurs projets. On se demande, de quoi parle-t’-on lors des différentes conférences sur l’entrepreneuriat au Congo. Ce manque d’accès à l’information peut s’expliquer donc par la faible pénétration d’internet, et aussi par le manque séminaires et conférences organisées par des experts sur les startups.
L’on pense trop local, et très peu global
Il n’y a rien de mal dans le fait de s’attaquer à des problèmes locaux et de limiter son action à une cible locale. De nombreuses startup à succès ont commencé ainsi. Il n’y a donc rien de mal en cela. Sauf qu’une startup est appelée à grandir. Elle ne peut pas continuer à servir inlassablement une seule communauté. Une boutique peut approvisionner un seul quartier durant des décennies, pas une startup. Il faut qu’elle déploie ses ailes et aille servir d’autres communautés. Or, le fait que certaines startup ait été pensées pour le contexte local, limite leur champ d’action et empêche qu’elles connaissent un succès lorsque le contexte change.
La solution est de penser global dès le départ, mais commencer par le local. Il faut se demander si le problème auquel l’on s’attaque est rencontré ailleurs, car certains problèmes ne sont pas suffisamment conséquents pour donner naissance à des startup, dans le vrai sens du terme . Disons-le encore une fois : on appelle aujourd’hui tout et n’importe quoi une startup.
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