Ce que les entrepreneurs attendent de Jean Daniel OVAGA


La ligne moderniste du nouveau président de l’organisation patronale congolaise trouve ses défenseurs dans les rangs des dirigeants qui ont participé à son élection, au cours de l’assemblée générale extraordinaire – du 11 novembre 2021 à Brazzaville. Morceaux choisis.


«Ringarde», «poussiéreuse», «compliquée»… Voici une série d’adjectifs qui viennent à l’esprit des entrepreneurs et chefs d’entreprises du Congo, lorsqu’ils sont interrogés pour caractériser l’organisation patronale congolaise, UNOC. Le défi est donc de taille pour Jean Daniel Ovaga, élu à la tête du mouvement le 11 novembre 2021 à Brazzaville, au cours d’une assemblée générale extraordinaire, à la suite du décès brutal du président sortant, l’inamovible Djibril Bopaka.

Et ça tombe bien, car ce dernier est un médecin de profession, en plus d’être patron de la clinique SECUREX, l’une des plus grandes cliniques modernes de la capitale congolaise. Il sera donc au chevet du malade UNOC, qui aux yeux de plusieurs observateurs du monde des affaires, avait besoin d’ un renouvellement pour se moderniser et se «transformer afin d’ aider à transformer le pays».

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L’organisation, semblable à un mille-feuille d’entrepreneurs et de professionnelles n’aurait rien à envier aux méandres de l’administration congolaise souvent critiquée par l’ancien président Djibril Bopaka pour son coût et son manque d’efficacité.

L’UNOC doit absolument évoluer vers plus de clarté et de simplicité. Il faudrait déjà commencer par mieux communiquer, et faire connaître l’UNOC auprès du public, car nombreux sont les congolais en général et des entrepreneurs en particulier, qui ne connaissent pas l’UNOC et son rôle au Congo. Ensuite, il faille aussi réviser son financement qui souffre d’un manque d’autonomie».

Propos de Ramsi Koutounda, jeune entrepreneur congolais, résident en France

Cette réorganisation devrait être penser par tous, entreprises et entrepreneurs, car elle permettrait à l’UNOC de jouer un rôle de lobby des patrons , des chefs d’entreprises et de ses adhérents, et «de leur proposer des services qu’aujourd’hui, l’UNOC n’offre pas, comme le rôle politique».

Je me demande, si l’UNOC ou son président du moins, est consulté par le gouvernement congolais, lorsqu’il s’agit de définir les politiques économiques du pays ?

Interrogation d’un entrepreneur congolais de la diaspora.

Et l’interrogation de cet entrepreneur congolais de la diaspora est fondé. Parce qu’il est rare d’entendre que le président de l’UNOC soit invité à la table des négociations, lorsque des investisseurs étrangers viennent au Congo pour discuter avec l’Etat Congolais dans le cadre de différents projets, ou encore lorsque le Ministre de Coopération Internationale et de la Promotion du Partenariat Public-privé effectue des voyages à l’étranger à la recherche d’investisseurs ou reçoit des investisseurs.

Ailleurs, dans d’autres pays, le patronat est toujours invité à table des discussions, quad il s’agit de définir les politiques économiques, les investissements étrangers, le pouvoir d’achats, le chômage, l’emploi, etc. Est-ce le cas chez nous au Congo ? l’UNOC joue t’elle vraiment son rôle d’organisation patronale ?

En France par exemple, lorsque le gouvernement décide de prendre des mesures économiques, définir des politiques économiques sociétales, le MEDEF est toujours associé, car toute politique économique gouvernementale impacte les entreprises et qui de mieux connaît l’environnement des entreprises, c’est le patronat français.

Créer le consensus et peser dans la vie socio-économique du Congo au côté du gouvernement

Une restructuration de l’UNOC aiderait ainsi à lutter contre l’image largement répandue dans l’opinion publique d’une organisation qui ne défend pas les intérêts financiers des entrepreneurs, des TPE, PME et qui joue pleinement son rôle. A ce jour et à l’ère du numérique, l’UNOC manque de visibilité et même un simple site internet, pouvant permettant au public, d’en savoir plus sur l’organisation et ses membres n’existe pas.

Car le nouvel homme fort de l’UNOC est aussi attendu sur des thématiques plus traditionnelles sur lesquelles l’UNOC devrait normalement se pencher en travaillant au côté du gouvernement , comme celles de l’emploi, du chômage des jeunes, des taxes et impôts exorbitants auprès des entrepreneurs et notamment sur la question de la dette publique de l’Etat envers les PME. Alors que l’ensemble des secteurs font part de leurs difficultés en ce moment de crise, les patrons et entrepreneurs attendent beaucoup de leur nouveau représentant sur ce dossier.

«Jean Daniel Ovaga va devoir travailler dur et montrer que son arrivé à la tête de l’UNOC redore l’image de la structure en se positionnant comme un acteur important des décisions économiques, tel qu’est le MEDEF en France», préconise un interlocuteur. Le Médecin, qui a su se démarquer dans le secteur sanitaire au Congo, devra se muer en homme de consensus et en homme fort patron des patrons. «Si on veut faire avancer le pays, il faut absolument que le patronat congolais joue véritablement son rôle dans la politique économique du pays en alchimie avec le gouvernement», résume Ramsi Koutounda.