L’inquiétant retard numérique des PME Congolaises


Le Congo accuse un retard préoccupant dans la digitalisation de ses petites et moyennes entreprises. Un sujet, crucial pour la compétitivité de l’économie nationale et régionale qui devrait être une priorité pour l’État comme pour les professionnels.


Malgré le succès du Salon OSIANCE, premier événement dédié à la Technologie et au Numérique organisé au Congo, ainsi que les nombreuses activités et conférences axées sur l’économie numérique, le Congo accuse un retard préoccupant de la transition numérique des TPE & PME.

Se situant en dessous de la moyenne continentale en terme de transition numérique, le haut du sommet étant occupé par des pays comme l’Afrique du Sud, l’île Maurice, le Kenya, le Maroc et la Tunisie. Le retard numérique qu’accuse les PME congolaises inquiètent « Experts » et « Consultants« , car les conséquences que pourraient avoir celui-ci sur la croissance économique et la compétitivité sous régionale et régionale sont importantes pour notre pays qui aspire à devenir émergent en 2025.

Le triste constat que je fais, c’est que le gouvernement ne prends pas cette problématique au sérieux, laissant les choses se faire au compte goûte. Or, de nos jours, si vous ne le savez pas, il a bien une corrélation entre numérique et croissance économique.

Comprendre la corrélation entre numérique et croissance économique

Le processus de numérisation permet de sauvegarder et de diffuser par voie électronique toujours plus d’informations : les tablettes remplacent les livres, nous lisons le journal sur notre téléphone intelligent et de nombreuses transactions commerciales sont effectuées sur Internet. Le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC), qui sous-tend la numérisation, est considéré comme une innovation fondamentale. Des inventions comme celle-ci changent profondément la société et l’économie, au même titre que la machine à vapeur et l’électricité.


Dans le sillage du numérique, l’industrie de la musique et de la photographie, mais aussi le commerce, le secteur de la communication et, plus récemment, les taxis se sont considérablement transformés. De telles mutations déclenchent souvent un malaise et des réactions de défense, comme en témoignent les protestations des chauffeurs de taxis dans différentes villes du monde contre la société Uber.

Comme pour tout changement structurel, la question du temps d’adaptation nécessaire est primordiale, en particulier sur le marché du travail. Tout d’abord, les profondes mutations induites par le numérique influencent la croissance économique. Pour simplifier, on peut dire qu’une économie peut croître de deux manières : soit en augmentant la quantité de travail et de capital physique utilisée, soit en exploitant plus efficacement les ressources disponibles pour améliorer sa productivité. L’innovation, le progrès technique ou une meilleure formation de la main-d’œuvre sont autant de façons d’accroître l’efficacité des ressources disponibles.


Par ailleurs, le numérique peut influencer la croissance économique de différentes manières. Il entraîne une hausse des investissements dans le capital physique (logiciels, serveurs, réseaux), un accroissement de la productivité dans le domaine des TIC grâce aux progrès technologiques rapides ainsi qu’une augmentation de la productivité en général en raison de l’utilisation des TIC dans les différentes branches de l’industrie et des services.

Une étude réalisée pour l’Allemagne a montré que l’utilisation grandissante de l’informatique entre 1998 et 2012 a contribué à hauteur de plus d’un tiers à la croissance de la valeur ajoutée.


Une autre étude concernant l’Union européenne et les États-Unis, qui porte sur les années 1995 à 2007, arrive aux mêmes conclusions : pour l’UE, environ un tiers de la croissance du PIB est à mettre en relation avec le numérique ; aux États-Unis, ce chiffre se monte même à 40 %.

Cette hausse est principalement due aux investissements dans l’informatique et à l’augmentation de la productivité dans le domaine des TIC. Les gains de productivité obtenus grâce à l’utilisation des technologies numériques jouent, quant à eux, un rôle un peu moins important.

L’automatisation des processus de production et la réorganisation de toute la chaîne de valeur ajoutée permettent de gagner en productivité en recourant aux TIC. De nouveaux modèles d’affaires (notamment les plateformes Internet) et une croissance relativement rapide (grâce à l’utilisation d’Internet comme canal de distribution ou à de nouveaux enseignements tirés de l’analyse des données) y contribuent également. De tels effets sont toutefois difficiles à quantifier et leur importance reste encore controversée dans la littérature économique.

Est-ce un problème de compétences ?

Je me suis posé cette question, si le retard des PME congolaises dans leur transition et transformation digitale, n’était pas liée à un manque de compétences certifiés et expérimentés dans les métiers de la Tech et du Numérique au Congo ? La réponse à cette question, est Oui ! Car tout organisme qui décide de prendre le virage du numérique, se lance dans de nombreux défis : La stratégie avant les outils, la transformation digitale (les outils, l’humain), et surtout trouver des prestataires locaux (pour réduire les coûts d’infogérance, car imaginer si vous devez faire venir une équipe d’expert de France, le coût de la main d’œuvre) pour les accompagner dans ce processus et développer les outils dont l’organisme aurait besoin.

Et c’est là où ça fait mal, en premier, le Congo ne dispose d’aucune école d’ingénierie informatique et numérique. Aussi, ceux formés à l’étranger non de fois pas d’expériences professionnelles, et ne sont jamais recrutés par les entreprises locales. Je ne dis pas, que nous n’avons pas d’informaticiens, mais la transition numérique et transformation digitale, impliquent de nombreux métiers liés à l’informatique et au numérique que se soit pour les entreprises prestataires ou les entreprises clientes (celles qui veulent transiter vers le numérique) et trouver ces compétences au Congo, est difficile. Voici, ci-dessous, 7 métiers métiers indispensables à la transformation digitale

  1. Le leader de la transformation numérique
  2. Le champion du changement
  3. L’ingénieur technique
  4. L’architecte des données
  5. Le professionnel UX / CX
  6.  L’analyste financier
  7. L’expert en Inbound Marketing

L’État doit créer des conditions-cadres favorables

L’importance du numérique pour la croissance économique pose la question du rôle de l’État dans ce processus de mutation. Au cours des dernières années, divers pays africains ont mis en place des programmes à grande échelle liés au virage numérique et ce de façon pragmatique, pas de « bla-bla-bla » et des « discours creux » comme chez moi au Congo, où le ministre en charge de l’économie numérique passe son temps à nous parler de transformation digitale des structures de l’Etat et depuis pratiquement Sept (07) ans à ce poste, rien de concret ne fait.

Pour le cas du Congo, je sais qu’un Plan de Développement Numérique avait été mis en place depuis plusieurs années et tous les mois le Ministre en Charge de l’Economie Numérique, pond des lois à non point finir, sans pourtant que la mue vers le numérique ne se fasse ressentir au sein des organismes étatiques, rien qu’à ce niveau. Aujourd’hui, la dématérialisation des services de l’état est une chymmer pour moi et pour de nombreux congolais. Le problème, ce n’est donc pas les lois, ni le Plan de Développement Numérique, mais le problème, c’est le pragmatisme dont ne fait pas preuve nos gouvernements. On dit souvent au Congo  » Maloba, Eleka, Mosala Té », il faut que les choses bougent.

Vu l’importance capitale des TIC et la rapidité avec laquelle l’environnement et le monde évoluent, il faille agir et ce au plus vite. Pour y arriver, les domaines suivants sont particulièrement importants pour permettre au Congo d’exploiter de façon optimale le potentiel économique de la révolution numérique :

  1. Formation et perfectionnement. Les qualifications des travailleurs doivent satisfaire, dans la mesure du possible, aux exigences d’un monde de plus en plus marqué par le numérique.
  2. Recherche. Le Congo devrait occuper une place de choix dans l’exploration des possibilités technologiques offertes par le numérique et dans l’élaboration des applications qui en découlent (comme l’impression 3D), dans certains secteurs comme la Biodiversité, la Santé..
  3. Protection des données. Étant donné les nouvelles possibilités technologiques et l’augmentation du stockage de données personnelles qu’elles entraînent, la sécurité juridique doit être assurée.
  4. Infrastructures TIC sûres et performantes. Ces infrastructures sont pour ainsi dire l’épine dorsale de l’univers numérique. Ces infrastructures doivent couvrir le plus de territoire possible et être accessibles au plus grand nombre.

Enfin, la mutation numérique et les chances qu’elle comporte ne devraient pas être entravées par des réglementations hâtives. L’État ne devrait pas, par ce biais, favoriser les technologies et les modèles d’affaires traditionnels au détriment de l’innovation.