Les « mama zando » : Ces entrepreneurs qui n’ont pas appris l’entrepreneuriat à l’école


Elles sont ingénieuses sans être ingénieur, industrieux sans être industriel, entreprenant sans être entrepreneur, qui sont ces entrepreneurs de l’économie informel qui font vivre l’économie du pays ? Comment font-elles pour estimer la rentabilité d’un busines sans un tableur Excel, sans business plan, zoom sur ces entrepreneurs de l’ombre loin des startupers vertueux.


Au Congo, d’une manière générale, les femmes ont un poids économique réel dans la vie quotidienne. Souvent dans l’informel, ces femmes qui pour certaines d’entre elles n’ont jamais terminé leur premier cycle (Primaire) ou Secondaire, sont de très bonnes et grandes business women. Rien ne leur échappe, elles ont toujours une longueur d’avance et une capacité à se projeter sur la rentabilisation ou non d’une affaire sans une quelconque étude de marché, business plan ou tableur excel.

Contrairement à nos startupers aujourd’hui qui ne peuvent pas se passer d’enquêtes de terrain, de Business Plan sur tableur Excel avec des calcul estimatifs de rentabilité « Les mamans zando » n’en point de besoin d’effectuer des calculs sur Excel pour dire combien votre affaire pourrait vous rapporter. Il suffit, pour elles d’observer un secteur donné (une sorte d’étude de marché à leur façon) pour vous dire : Quoi vendre ? Quel est le meilleur positionnement ? Quelles seraient les heuress où vous aurez plus de clients, et à quels prix vendre son ou ses produits. Des véritables « Expertes Comptables » et « Data Scientistes » sans parfois avoir appris les maths.

Une maîtrise de la fabrication de différents produits alimentaires et des métiers manuels

En plus d’être très fortes en calculs, alors que pour certaines, elles n’ont jamais dépassées le seuil de la classe de CM2, ces « mamas zando » ont une très bonne connaissance et une maîtrise des métiers manuels et la fabrication de plusieurs produits alimentaire à but commerciale. Que se soit la fabrication de bouillie à base de maïs, de beignets à base de farine de blé, de yaourts, des grillades, elles n’ont point besoin de recettes papiers pour le faire. Une petite discussion avec un amie, qui les explique le process, et bim, elles réussissent la fabrication du produit, sans une aide de youtube. Il en est de même pour des métiers manuels comme la couture, la coiffure, les « mamas zando » savent s’y prendre et même en plein marché, en plus de leurs activités de ventes, elles offrent parfois leurs services de coiffures et de tresses de cheveux à leurs amies vendeuses.

C’est quoi le secret des ces mamans ?

A mon humble avis, c’est l’expérience. Comme ma mère et plusieurs autres mamans congolaises, elles ont hérités des techniques commerciales et marketing ancestrales, de l’époque d’avant la colonisation où tout se faisait par l’observation de son environnement, ce que les nouvelles génération et en particulier les startupers peinent à faire. Par exemple, ma mère quand, je lui parle d’un business, elle me réponds, « ok, laisse moi me promener un peu, et visiter différents endroits, pour te dire quel serait le lieu idéal pour placer ton fonds de commerce ». C’est comme si, elle avait une sorte d’intuition ou un don.

Aujourd’hui, quand un jeune à une idée de business, il se met directement sur son ordinateur, lance un tableur excel et commence à taper des « chiffres et des lettres », alors que parfois, il faille prendre le temps d’observer et de comprendre son environnement sans un tableur excel, car tout n’est pas dans « excel ». Ne dit-on pas, que l’innovation, vient de la créativité et de l’observation de son environnement ?

Et si les entrepreneurs d’aujourd’hui s’inspiraient des « mama zandos »

Personnellement, je penses que nous avons beaucoup à apprendre de nos « maman zandos », parce qu’il y est des business qui ne nécessitent pas d’ouvrir un classeur excel, accompagné d’un business model. Non, il suffit parfois d’ouvrir les yeux, observé et comprendre son environnement. Or de nos jours, les jeunes entrepreneurs et porteurs de projets ont perdu ce sens, aucune affaire, même à petit échelle ne peut être fait, sans une aide de tableur excel et je trouve ça déplorable.

A mon avis, lors des « Masterclass » et « Conférences » organisées ici et là au Congo, on devrait peut être invité ces « mamas zandos », pour qu’elles viennent nous partager leurs expertises et expériences, en plus des outils technologiques qui sont à notre disposition, je ne doute pas que aurons, les meilleurs startupers du continent.