Pour transformer une idée en un projet entrepreneurial à impact sociale et à forte valeur ajoutée, l’intention seule ne suffit pas, les financements doivent suivre.
Alors que dans certains pays Africains on constate une montée de l’engagement de banques et fonds d’investissements aux cotés des entrepreneurs et des PME, au Congo les banques sont quasi inexistantes sur l’accompagnement des porteurs de projets innovants, entrepreneurs et PME. Triste constat !
Des exemples de porteurs de projets et entrepreneurs Congolais ayant de superbes idées et projets il y en a plein, mais quand vient le moment crucial de recherche des financements, une fois aux portes des banques, à la fin, c’est toujours zéro retour !
La question qui se pose alors, est pourquoi les banques ne prêtent pas aux entrepreneurs alors que leur rôle principale est de financer l’économie, soit par des crédits de consommation ou des crédits d’investissements.
On est tous d’accord que les PME, les Opérateurs économiques et Entrepreneurs, sont un pilier important de chaque économie qui se respecte, ils sont liés à un tissu régional qui permet une meilleur allocation des richesses. Les entrepreneurs sont par défauts les premiers employeurs du pays car ils sont dans des régions et dans des secteurs où les grandes sociétés ne veulent pas investir pour des multiples raisons.
Les Entrepreneurs sont sous-capitalisés
Sous-capitalisés, les entrepreneurs le sont par défaut, c’est-à-dire, ils ont besoin de plus d’argent pour faire tourner la boutique. Ce constat est tout à fait normal car une grande partie des entrepreneurs sont enregistrés comme des entreprises individuelles ou les membres de la même famille et amis y ont mis leurs épargnes.
Est-ce une raison valable pour que les banques, décident de ne pas prêter aux entrepreneurs, ou, il y a d’autres raisons sous-adjacentes que les banquiers peinent à nous révéler, sans dépasser le fameux adage « on ne prête qu’au riche !! »
Posant le problème d’un nouveau angle, allons voir quelles sont les raisons réelles qui posent techniquement un problème pour prêter l’argent au petite voir très petite entreprises.
Les TPE & PME Congolaises sont en effet perçues par les institutions de crédit comme des structures à risque : peu résilientes, fragiles en termes d’activité, de solvabilité et de gestion. Les institutions de microfinance et les banques commerciales ne prennent pas non plus en compte les besoins spécifiques de ces entreprises, tels que la flexibilité de structuration des produits financiers, la simplicité et la clarté des conditions de prêt et l’étude personnalisée de leur capacité de remboursement.
Une petite explication du métier de la banque nous paraît importante, pour mieux comprendre leur raisonnement !
Commençant par expliquer le métier de la banque, qu’on peut définir comme un métier d’intermédiaire entre des gens qui ont de l’argent et dont ils n’ont pas besoins maintenant, appelé épargnant, et ceux dont ils ont besoins, appelé emprunteur.
Donc la banque gère votre argent (dont tu n’as pas besoin immédiatement) et le loue à celui qui en a besoin moyennement un loyer (appelé intérêt). A cet effet, le principal souci dans cette opération pour une banque est la certitude de récupérer l’argent louer et avec le loyer à payer.
Quel sont les risques auxquels s’expose un banquier lorsqu’il exerce son métier
Premier risque : risque de contrepartie
Les banques financent en espérant qu’ils récupèrent et le montant louer et le montant du loyer dans un futur plus au moins long. Cet acte, qui est celui de donner un crédit, comporte le risque que celui qui emprunte ne rembourse pas le montant emprunté (combien d’entre nous ont perdus de vue un « ami » à qui on a donné un peu d’argent), ce risque peut être réduit par le fait que la banque exigent des garanties pour le couvrir ou par la qualité de l’emprunteur ce qui réduit la probabilité de défaut.
La banque n’accorde le crédit que dans le cas où elle juge que la probabilité de remboursement est supérieure à la probabilité de défaut de paiement (le non remboursement est nommé dans le jargon défaut de paiement)
Bien sûr avec son expérience et ses méthodes (oui la banque utilise beaucoup de maths, probabilité) qui lui permettent de bien appréhender ce risque et par usages d’autres éléments (titrisation des créances, les crédits swap default, ….) de s’assurer contre ce risque qui est le plus important dans la vie d’une banque.
Deuxième risque : Le risque de liquidité
C’est le risque ultime pour une banque. C’est un risque qu’aucune banque ne veut se retrouver à le gérer.
Comme mentionné plus haut, une banque n’est qu’un intermédiaire entre ceux qui de l’argent et ceux qui en a besoin. La réputation d’une banque est celle qui lui permet de bien mener à bien son métier d’intermédiaire, ainsi lorsqu’un un client qui a déposé son argent à la banque veut le récupérer, la banque est dans l’obligation de le lui restituer immédiatement et sans coût (ça dépend du type de dépôts à vue ou à terme bien sûr).
Donc le scénario cauchemar pour une banque est celui où elle doit rembourser tous les gens qui y ont un peu d’argent alors qu’elle a donnée la quasi-totalité en crédit. Ce scénario improbable, mais le risque existe, est appelé le « bank run ».
Pour être plus claire ce risque est celui par lequel la banque n’a pas d’argent pour rembourser ces engagements, pour cela y a les lois qui oblige les banques d’avoir une assise financière solide, c’est-à-dire d’avoir son propre argent et ne pas travailler seulement avec l’argent des autres.
Troisième risque : Le risque Marché
Le risque de marché recouvre trois catégories de risques distincts : le risque de taux d’intérêt, le risque de change, le risque de variation de cours. Ce type de risque n’est pas aussi important pour cet article c’est pour cela nous n’aborderons pas en détails ces risques.
Quatrième risque : Le risque systémique
Longtemps n’est pas considéré comme un risque important, jusqu’à la récente crise financière de 2008. C’est le risque par lequel une banque peut mettre à genoux tout le système bancaire comme l’a fait lehman brothers pour le marché interbancaire (financement entre banque).
Ainsi les banques ne vont louer l’argent qu’aux riches, et par ricochet ceux qui présentent eux aussi un risque systémique au pire des cas et vont toujours être moins enthousiaste à financer une petite ou moyenne entreprise et encore moins des entrepreneurs sauf si ces derniers présentent des garanties nécessaires pour réduire le risque de contrepartie.
Mais la question reste ouverte, comment financer les PME, qui sont les premiers et les plus grands employeurs de l’économie national et ceux qui créent plus de valeurs localement et régionalement que les grandes entreprises ?
L’alternative FIGA au Congo Brazzaville
Oui au Congo, il y a des institutions et des programmes d’aide pour les PME, les entrepreneurs, malheureusement la seule problématique autour de ces différentes institutions auprès des congolais, c’est la communication. De nombreux congolais ne connaissent même pas l’existence de ces organismes. Prenons par exemple le FIGA ( FONDS D’IMPULSION, DE GARANTIE ET D’ACCOMPAGNEMENT ) structure publique d’appui au développement des TPMEA, créée comme établissement public administratif par la loi n°23/2019 du 5 juillet 2019, dotée d’un fonds initial de quinze (15) milliards de Francs CFA par arrêté n°14 327/MFB/MPMEASI du 5 novembre 2020 et destinée à apporter des réponses concrètes à la problématique d’accès des TPMEA aux SERVICES NON FINANCIERS ET FINANACIERS.
Cependant, cette initiative louable mise en œuvre par la Ministre des PME Lydia MIKOLO, n’est pas bien divulguée auprès des congolais et nombreux sont des porteurs de projets, TPE, à abandonner leurs projets par manque financement, alors qu’il existe une entité publique qui peut les venir en aide.
A l’ère du numérique, bien qu’ayant un portail d’information, le FIGA ne dispose pas d’une plateforme numérique permettant aux porteurs de projets et TPE à soumettre leur demande de financement en ligne, sans avoir à se déplacer dans les locaux de l’organisme.
Le FIGA ne devrait pas être la seule structure d’appui aux TPE, PME et entrepreneurs congolais, nous suggérons que l’Etat créé d’autres institutions, en fonction des situations socio-professionnelles des porteurs de projets, des secteurs d’activités (Agriculture, Environnement, Education) pour dynamiser l’économie.
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