Quel est le niveau de maturité de l’écosystème entrepreneurial congolais ?


Les créations d’entreprises par de jeunes entrepreneurs congolais restent encore faibles malgré l’engouement pour l’entrepreneuriat et ce par rapport à la dynamique qui peut être observée dans d’autres écosystèmes, comme au Sénégal, au Maroc, au Rwanda. On remarque toutefois une forte propension pour les structures accompagnement à l’entrepreneuriat innovant. Par ailleurs, le niveau de maturité de l’écosystème entrepreneurial congolais est encore à l’état embryonnaire. Quels en sont les principales causes ? Morceaux choisis.


De Pointe Noire à Owando, en passant par Brazzaville, les jeunes congolais ne parlent pas forcément le même patois et n’ont forcément pas la même culture, mais partage la même envie : entreprendre ou réussir leur vie. Cependant, entre volonté de créer et de s’émanciper, dans les faits la réalité est différente. A ce jour, le nombre d’entreprises créé par les jeunes entrepreneurs congolais est très faible.

Je me suis alors posé la question, qui était celle de savoir, les causes qui rendent l’écosystème entrepreneurial congolais moins dynamique et moins mature que ceux des autres pays, comme le Sénégal, le Maroc, le Nigéria et même le Rwanda ? Voici quelques pistes de réponses à ma question :

Absence de dispositif d’accompagnement

Entreprendre s’est bien, mais se faire accompagné peut être mieux pour réduire les risques d’erreurs et d’échecs. De nombreux jeunes entrepreneurs échouent dans leurs projet non parce que l’idée est mauvaise ou la problématique est mal posée, mais parce que de nombreuses erreurs ont été commises durant le processus de création. Depuis l’idée au développement de l’entreprise, en passant par l’étape de création. C’est la raison pour laquelle, il existe les dispositifs d’accompagnement ailleurs.

En effet, Les dispositifs d’accompagnement visent, suivant les cas, à communiquer aux entrepreneurs des informations relatives à l’environnement institutionnel et économique de l’entreprise, à leur transférer des compétences techniques telles que la gestion de trésorerie, à les aider à mûrir leur projet, voire, à leur insuffler un esprit plus entreprenant.

Un tel soutien est toujours utile, mais apparaît presque nécessaire durant les périodes de doute. Encore relativement peu étudiée, cette phase du processus entrepreneurial se révèle particulièrement décisive pour la survie de l’entreprise, dans la mesure où elle se manifeste très concrètement par le désir d’abandonner la démarche.

Chez moi au Congo, les dispositifs d’accompagnement à l’entrepreneuriat sont quasi inexistant. Ainsi, les entrepreneurs et porteurs de projets sont dans la débrouille pour construire à bien leur projet d’entreprise, sans parfois y parvenir pour les moins ouvert d’esprit. Ils sont donc nombreux à échouer et à ne pas arriver, même à la simple étape de création administrative.

L’absence de dispositifs d’accompagnement à l’entrepreneuriat à un impact sur l’écosystème entrepreneurial. Parce que, si vous ne le savez pas, pour que tout écosystème entrepreneurial réussisse et soit dynamique, il faille que les entrepreneurs et porteurs de projets, bénéficient d’accompagnement pour réduire le nombre d’échecs.

C’est le cas par exemple au Sénégal, où le nombre de dispositifs d’accompagnement à l’entrepreneuriat, publics et privés est important. Ceci permet à tout porteur de projet ou entrepreneur sénégalais, d’être accompagné dans son projet, depuis l’idée à la création d’entreprise, en se formant sur le plan technique, mais aussi sur la gestion d’entreprise. Le risque d’échecs dans le projet est réduit. Quelques exemples de dispositifs d’accompagnement au Sénégal :

L’ADEPME accompagne le porteur d’idée ou le dirigeant de PME tout au long de la vie de leur entreprise : la création ou la reprise d’une activité, la croissance ou la restructuration d’entreprise.

TERANGA CAPITAL est la première société d’investissement à impact dédiée au financement et à l’accompagnement des petites et moyennes entreprises (PME) à fort potentiel au Sénégal et en Gambie. TERANGA CAPITAL est accompagnée par Investisseurs & Partenaires (I&P) et bénéficie d’actionnaires de renom: Investisseurs & Partenaires (I&P), le Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS), la SONATEL, ASKIA Assurances, La société Générale des Banques au Sénégal (SGBS) et plusieurs investisseurs individuels sénégal.

Pour consulter la liste de tous les dispositifs d’accompagnement à l’entrepreneuriat au Sénégal, vous pouvez consulter le lien suivant : Liste des structures d’accompagnement au Sénégal

Oui, certains n’hésiterons pas dire, qu’il existe bien au Congo des structures, qui se disent « Structures d’Accompagnement ». Je préfère mettre cela entre griffe, parce que je pense que ces groupements d’associations congolaises, ne sont pas des structures d’accompagnement. Pourquoi ? Tout simplement, parce que l’accompagnement d’entrepreneurs et porteurs de projets dans ces structures, ne se suit aucun processus. Tout se fait au pif. En fin de compte, le porteur de projet ou l’entrepreneur n’apprend rien dans ces structures. Je peux vous en citer quelques unes : Kosala, Yekolab, pour ne parler que de ceux là, très connu du public congolais.

L’accompagnement pour un porteur de projet ou entrepreneur est important. Mais, cela doit être fait, dans des structures spécialisées et par des accompagnateurs formés aux techniques et méthodes d’accompagnement des créateurs d’entreprises. Durant les périodes de création de leurs entreprises, nombreux sont les entrepreneurs, qui sont surmenés, découragés et déprimés, qui perdent le recul et perçoivent les difficultés de leur entreprise de façon exacerbée, conduisant souvent à l’échec des projets, mêmes les plus innovants. Dans ce contexte, le rôle de l’accompagnateur est de les soutenir, le temps qu’ils retrouvent leurs motivations et leur persévérance entrepreneuriales.

L’absence de financement pour soutenir l’innovation et la créativité des entrepreneurs

Malgré la forte popularité de l’entrepreneuriat au Congo, les entrepreneurs ne peuvent pas compter sur les banques ou sur les aides publiques. En ce qui concerne les banques, elles ne sont guère enclines à octroyer des crédits professionnels, le manque de visibilité sur la qualité des startups et PME n’incitant pas à la prise de risques.

Le marché des capitaux, de son côté, n’est pas adapté à ces acteurs de moindre envergure, qui ne peuvent pas non plus s’adresser aux fonds d’investissement, faute de moyens pour payer les tickets d’entrée. Restent les organismes de microfinance, mais qui n’octroient que de faibles montants à des taux d’intérêt extrêmement élevés.

Ayant épuisé toutes les alternatives, les créateurs d’entreprise doivent par conséquent se contenter de leurs propres ressources… la plupart du temps insuffisantes.

Or l’innovation et la créativité ont un coût. Les entrepreneurs et porteurs de projets ont besoin de financement, pour tester et créer des prototypes de leurs produits ou services. Sans financement, rien ne peut se faire. C’est l’une des principales causes du manque de dynamisme et d’innovations à proprement dite de l’écosystème congolais.

L’environnement des affaires

En Afrique, la plupart des économies sont plus consommatrices que créatrices de richesses ou apporteuses de valeur ajoutée. Pour qu’un changement structurel s’opère en profondeur, il ne suffit pas d’initiatives isolées d’accompagnement des investisseurs et de campagnes de sensibilisation. Pour les experts, la réussite passe par l’encouragement de la production, de la transformation de produits bruts en produits finis.

Et cela passe par la mise en œuvre de politiques publiques performantes et d’un programme de bonne gouvernance, ainsi que la garantie d’une administration efficace. Or, de nombreux pays en sont encore loin.

C’est le cas de notre pays le Congo. L’environnement des affaires est très morose. Une administration lourde et lente. Que ce soit pour l’enregistrement au registre de commerce ou l’obtention de NIU (Numéro d’Identification Unique), il faut attendre des mois et même donner des dessous de tables, donc corrompt des agents de l’état pour accélérer les choses. La E-administration n’est pas effective au Congo, malgré les nombreuses conférences et affirmations du Ministre des Postes et Communications en Charge de l’Economie Numérique.